Lexique / courrant

Douglas Edric Stanley

2003.04.20

Malgré toutes les annonces de dématérialisation, il reste toujours la matérialité des machines modulaires. Pour construire ce cinéma émergeant nous avons pris le pari d’explorer ces rouages de la mécanique numérique à travers ce qu’on peut appeler « l’idéologie » de ses circuits informatiques. C’est un étrange paysage, où la matière même est devenue mobile mais aussi module. Elle n’est absolument pas fixe. Car en dessous l’interface graphique, se trouve l’ordinateur avec sa mémoire et ses divers processeurs (image, son, logique, données, interfaces, etc.) actionnés par des horloges cycliques. Ils influencent, obligatoirement, l’expression artistique qui s’en sert. On ne peut pas en faire totalement abstraction, même si leur détournement reste toujours une option. Car s’extriquer totalement des circuits s’avère une opération épineux : la logique même de détournement a été conçu à l’intérieur des circuits. La machine est elle-même modulaire, comme une sorte instrument de musique transformé en hyperinstrument. Pour notre part, nous voyons la cause dans une couche encore plus microscopique que toutes les autres et qui dans sa radicalité met en branle l’ensemble des structures érigées en son honneur. Cette couche s’appelle électricité et elle coule, presque littéralement, à l’intérieur des circuits informatiques. Bien que l’informatique joue sur l’idée d’une abstraction des moyens matériels de la communication, il n’empêche qu’un pacte a été signé il y a longtemps avec l’électricité, et que jusqu’à ce que ce pacte soit renoncé, l’image numérique risque de se confondre de plus en plus à une modulation de plus en plus intelligente d’un flux qui ressembler de plus en plus … en un flux. Du coup, nous pensons — mais il ne s’agit ici que d’une hypothèse — que nous progressons actuellement tous vers un modèle de l’informatique basé sur l’idée d’une liquide programmable. L’image suivrait les mouvements de cette liquide, mais serait également constituée par cette liquide. Les réseaux nous ont évidemment réveillés sur ce point. Il s’agit d’une question qui a toujours été là, en dessous, dans le fonctionnement même des relais et des résistances.