Lexicon / plot

Douglas Edric Stanley

2002.09.11

Mesurer la machine non pas à partir de sa vitesse (au singulier), mais à partir de ses lenteurs (au pluriel). Introduire du temps et de ses logiques de modulation génératives pour transformer les formes fixes en des hyperformes mobiles émergeantes. Refaçonner des représentations en des simulations. Re-définir les opérations discrètes définies comme « décomposées » en des cycles discrets définis comme « décontractés », « localisés », bref minoritaires. Discuter de la conversation cybernétique autour d’une table de camping, parfois au centre d’un nœud d’un réseau autoroutier avec une tasse de java.

plot à l'intérieur d'un nœud d'autoroute

Tel est le projet de Plot, une projet de rencontres informels organisés par le philosophe Jean Cristofol, les artistes Guillaume Stagnaro et Fabrice Gallis, Douglas Edric Stanley et les étudiants de L’école supérieure d’art d’Aix-en-Provence. Au départ un projet de recherche de Cristofol, Stagnaro et Gallis sous divers intitulés (« temporalités », « subtractor », « temps réels » - cf. AGGLO-temporalités), il rejoint maintenant nos recherches autour du principe de la machine abstraite et les expérimentations de notre Atelier Hypermédia, et a été rebaptisé Plot.

Le terme Plot est une réappropriation d’un des concept clés du projet de la machine abstraite — cf. plot —, conçu pour définir l’espace des jeux video et de sa machine également nommé Plot. Il rajoute aussi l’etymologie française de « plot » pour densifier encore plus l’usage du mot.

PLOT n. m. est un terme (1290) d’origine régional (Franche-Comté, Auvergne, Bourgogne, Provence) peut-être issu du croisement entre le latin plautus “plat”, mot de formation populaire apparenté à la forme plattus (->plat) et du moyen néerlandais block tronc abattu (->bloc).
Le mot est attesté en ancien français avec le sens propre de “billot de bois, segment du tronc d’arbre”, longtemps vivant régionalement (Forez, Lyonnais, Provence, Savoie), et avec le sens métonymique de “tabouret”.
Il a eu un sens technique en tissage, désignant la pièce de l’ourdissoir qui conduit l’enroulement du fil, et en horlogerie pour “massif de laiton dont l’horloger se sert pour river la masse sur la platine”(1832).
Plot s’est maintenu avec une autre spécialisation, en électricité, désignant la pièce métallique permettant d’établir un contact, une connexion électrique(1890).
On a donc là un terme qui traverse sans vergogne l’histoire des techniques et celle de la programmation. N’oublions pas, à propos de billot de bois, l’autre spécialité de Babbage, outre la séduction d’Ada Byron, la dendrochronologie, ou datation des arbres. Il faut également, et je finirai là dessus, voir le massif de laiton de l’horloger comme un marteau, semblable à celui qui martelant la foule, en fait un peuple.
– Jean Cristofol, Plot ; plotsème

Comme on peut constater, la confusion des termes est une des logiques opératoires de Plot, et peut être comparée à une utilisation in situ du principe de « Just-in-time compiler » des langages de programmation (cf. l’autre « Java »).

Un autre concept récurrent de Plot est l’expression « temps réel lent », développé par Jean Cristofol à partir d’une série de questionements élaborés par Jean Cristofol, Douglas Edric Stanley et Peter Sinclair sur l’expression « temps réel ». (cf. lenteur).

Un système d’écriture collective — le « plotsème » — a été developpé par Guillaume Stagnaro pour permettre une écriture non seulement collective (genre « wiki ») mais également récursive. Chaque mot du plotsème peut être composé à partir d’aggrégats de concepts, exemples ou medias, pour ensuite être intégré dans d’autre aggrégats. La mobilité conceptuel d’un tel système d’écriture vise à la fois à reproduire une logique inhérent de l’informatique et la refaçonner pour qu’une écriture philosophique singulière et extrêmement localisée devient possile.

Plot s’inspire finalement du travail artistique de Fabrice Gallis qui consiste à actualiser des algorithmes (informatiques et autres) à travers des actions quotidiennes.